1 Décembre 2018
Mort du général d’Elbée
C’était un froid matin de janvier. Sur la place.
De Noirmoutier nul bruit, que le bruit de la mer,
Et des pas mesurés faisant craquer la glace…
On sentait comme un vent de mort passer dans l’air.
C’est qu’en effet, dans l’île, un arrêt militaire
Vient d’être exécuté ce matin-là. Comprenez :
Trois Vendéens, couchés vers la terre,
Près d’un mur, sur le sol, ensanglantés.
Un quatrième, ceint de son écharpe blanche,
Front meurtri, bras pendants, est assis au milieu.
Sur un large fauteuil. Sa tête qui se penche
Semble à ses compagnons dire un dernier adieu.
Sur lui plus d’un regard tombe à la dérobée.
Les soldats qui s’en vont, pâles, presque tremblants.
Se le montrent des yeux et disent : « C’est d’Elbée !
Le blessé de Cholet ! Le général des Blancs ! »
Et bien, oui, c’est d’Elbée !… un généralissime !...
Mais pour qui la connaît la mort est sans effroi,
Et l’on peut de sa vie, alors, payer ce crime
D’avoir été fidèle à Dieu, comme à son roi !..
Maudits soient les combats et les guerres civiles
Qui font par les vaillants fusiller les héros,
Et qui, pour apaiser les hameaux et les villes,
Transforment, sans merci, des soldats en bourreaux !
Julien Le Blant