5 Septembre 2012
Episode 01 : Commençons par le commencement
Je suis né en Algérie d’une mère française et d’un Papa algérien. J’ai un frère plus jeune que moi.
Nous avons dû quitter l’Algérie l’année de mes 12 ans… Nous n’étions pas les seuls dans cette situation mais ça, c’est un autre débat…
Nous avons débarqué à Marseille où nous sommes restés quelques mois.
Par la suite, ma mère a contacté de la famille qu’elle avait dans l’Aude. Et nous nous sommes installés à Carcassonne.
Nouvelle vie, nouvelle maison, nouveau travail pour mon père, nouvelle école et nouveaux copains pour mon frère et moi.
Mais finalement, nous nous sommes très bien adaptés et nous n’avons pas à nous plaindre.
Nous nous sentons vraiment chez nous dans cette région et pour rien au monde, nous ne voudrions la quitter….
Episode 02 : Fin des années 60, début des années 70
La fin des années 60, c'est le BAC, le permis de conduire, ma première voiture : une Austin Mini, les premières copines, le service militaire...
Début des années 70, c'est le premier véritable amour (ou du moins ce que je prenais pour le grand amour) et là, c'est sérieux car elle deviendra ma première épouse, c’est aussi le premier travail, le premier appartement.
Et puis, c’est le grand saut : je me marie ! Quelques mois plus tard, c'est l'arrivée de mon premier enfant : un fils ! Je suis très fier de moi et mon père est profondément touché par cette naissance. La première naissance loin de sa terre natale, loin de ses racines et surtout un "héritier"...
Voilà, je croyais que ma vie était toute tracée : j'avais une belle famille, un bon travail. Il me semblait que c'était ça le bonheur.....
Episode 03 : Et si ce n'était pas la vie dont je rêvais...
Je croyais être heureux avec femme et enfant, un travail tranquille. J'avais une vie simple, rangée, organisée... Mais je me suis vite rendu-compte que je tournais en rond, que je m'ennuyais. Le côté métro (ok, pas de métro à Carcassonne !!), boulot, dodo, ce n'était pas pour moi... Bien sûr, vous allez me dire : «Mais cette vie, tu l'as choisie !» Oui je sais...
Et puis j'ai rencontré Rémy qui allait devenir mon meilleur ami, quelques années plus tard le parrain de mon deuxième fils, depuis quelques années mon associé et surtout la personne grâce à qui j'ai rencontré la femme qui fait battre mon cœur "hier, aujourd'hui et demain". Il m'a fait découvrir une autre vie, plus trépidante, pleine de surprises. J'ai commencé à sortir le soir : oh rassurez-vous, ce n'était pas pour boire, ni pour me droguer, ni pour tromper ma femme mais pour vivre tout simplement... C'étaient des soirées entre potes, entre mecs ! Oui, je sais, tout cela est très égoïste et maintenant, je m'en rends compte.
Episode 04 : 1977
En début d'année, mon ami Rémy a décroché un nouvel emploi à Paris. Il est en plein divorce et donc, il part s’installer en région parisienne. Il revient un week-end sur deux à Carcassonne pour voir ses enfants et me parle de son travail qui a vraiment l’air très intéressant.
Moi, je continue mon train-train quotidien. Ma femme est d’une patience d’ange avec moi et mes états d’âme. Mon petit garçon est vraiment le soleil de ma vie, il a cinq ans et nous commençons à partager plein de choses ensemble.
Courant août, Rémy me dit que son patron recherche un homme à tout faire : chauffeur, secrétaire, etc… Je remonte avec lui à la capitale et je vais me présenter. Bingo, je décroche le poste. Me voilà parisien ! Je vais aussi être appelé à beaucoup sillonner la France , et ça, ça me plaît bien.
Je retourne à la maison avertir ma femme et essayer d’organiser les choses car ça ne va pas être simple à gérer tout cela à distance.
Je commence le 01er septembre. Au début, je loge chez Rémy (nous ne savions pas encore que quelques années plus tard, je vais encore souvent squatter chez lui…). Comme lui, je redescends un week-end sur deux dans l’Aude et j’en profite pour remonter mes affaires. Début octobre, mon patron Marc me propose la chambre de bonne qu’il possède au dernier étage de son immeuble. En fait, ce sont deux chambres de bonne transformées en un studio. L’endroit est très sympa. Le soir, je dîne souvent chez lui. Car, à vrai dire, j’ai parfois un peu le mal du pays… Je me sens seul et là, je retrouve une famille avec lui, sa femme et ses enfants. Quelques fois aussi, avec Rémy et une bande de copains nous sortons en boîte.
C’est aussi à cette époque que j’apprends que je vais être Papa pour la deuxième fois….
Episode 05 : Ce fameux vendredi qui a tout changé dans ma vie
Mon patron et sa famille avaient l'habitude de passer leur week-end avec un couple d'amis et leurs deux enfants. C'était une semaine, chez Marc, dans l’Eure et Loir et une semaine chez leurs amis, à Châteauneuf sur Loire, dans le Loiret.
Là, nous étions vendredi après-midi et nous nous préparions à partir dans l’Eure et Loir. Je dis "nous" car sachant que je ne descendais pas chez moi ce week-end-ci, Marc m'avait proposé de passer le week-end avec eux. J'avais bien sûr accepté avec plaisir ; c'était, il me semble, plus sympa que de rester seul à Paris.
En plus, nous étions en octobre et nous avions encore de belles journées, donc deux jours à la campagne, ça ne se refuse pas.
Je dois reconnaître que je retournais de plus en plus rarement chez moi.... Cela faisait des frais et de la fatigue, pour en fait, être très peu de temps avec les miens...
Revenons donc à ce vendredi après-midi, nous étions sur le point de partir et je discutais avec un collègue dans le hall de la société quand une tornade brune est entrée, m'a bousculé et sans s'excuser, ni dire "bonjour", a demandé à mon collègue où était son père. Elle arrivait de chez sa mère en banlieue et devait comme chaque semaine passer le week-end avec son père. Elle était passée par sa société mais il n'y était pas. Mon collègue lui a dit d'aller voir Marc dans son bureau, qu'il lui expliquerait. Elle s'éloigna, toujours sans un regard et sans un mot pour moi...
Mon collègue avait l'air de trouver ça amusant : il m'expliqua qu'elle était la fille de l'ami de Marc avec qui j’allais passer le week-end... Je commençais à regretter d'avoir accepté l'invitation : passer deux jours avec cette gamine insolente et vous imaginez, si toute la famille était pareille...
Elle ressortit avec Marc de son bureau. Il lui avait expliqué que son père avait dû partir à un rendez-vous inattendu mais néanmoins très important et qu'il nous rejoindrait directement dans l’Eure et Loir. Elle devait partir avec Marc et ils devaient aussi passer chercher son frère à l’internat.
J'écoutais tout cela un peu abasourdi... Ils avaient vraiment tous l'air de vivre comme un clan soudé, uni.
Marc réfléchit qu'il y avait un problème de voiture : dans la sienne, il y avait déjà sa femme, ses deux enfants et lui bien sûr. Où allait-il caser Ma Puce et son frère ?
Il se tourna vers moi et me dit : "Comme tu viens avec nous, tu la prends avec toi et vous passez chercher Antoine. Elle t'indiquera la route."
Evidemment, je n'ai pas pu refuser mais je dois avouer que de me retrouver seul avec cette chipie qui ne m'avait toujours pas salué - je devais être invisible pour elle - ne m'enchantait guère et en plus y ajouter son frère si c'était le même phénomène...
Nous voilà partis direction l’internat : elle n'a pas dit un mot pendant tout le trajet. Elle avait l'air de bouder. Mais à peine son frère dans la voiture, son visage s'est éclairé, ça a été entre eux des bavardages incessants. Elle n'était plus la même petite fille, elle rayonnait. Lui était plutôt sympa ; en tout cas, il avait remarqué que la voiture ne se conduisait pas toute seule...
Episode 06 : Ce premier week-end
Finalement, nous sommes arrivés chez Marc, sans encombre, pour le dîner. J'ai fait la connaissance du père et de la belle-mère de Ma Puce : ils ont l'air très sympathique. Ils forment une "drôle" de famille tous les quatre, c'est très fusionnel, genre "à la vie, à la mort".
Le dîner s'est déroulé dans une ambiance très détendue. Je me sentais bien au milieu d'eux tous, et accepté, même par ma petite furie...
Elle était vraiment la princesse, c'est vrai aussi qu'elle était la seule fille contre trois garçons (son frère et les deux fils de Marc) et puis, je commençais à comprendre qu'on ne pouvait rien lui refuser...
Le samedi, tout le clan est parti au marché. Nous avons préparé le déjeuner ensemble. L'après-midi, chacun a fait un peu ce qu'il voulait : les femmes ont bavardé, les hommes ont travaillé. Vu le peu d'écart d'âge que j'avais avec mon patron, j'aurai dû me sentir plus près de lui, mais en fait, je me suis rapproché du groupe des enfants ; peut-être qu’inconsciemment mon fils me manquait plus que je ne voulais bien me l’avouer. J'ai joué au football avec les garçons, au tennis avec Antoine. Ma Puce, elle, lisait dans son coin mais jamais très loin de son frère.
Leur relation est très spéciale. Bien qu'ils ne soient que demi-frère et demi-sœur, ils sont pire que des jumeaux, presque des siamois. Ils ne se ressemblent pas et pourtant, il y a quelque chose de très troublant : ils ont un signe particulier sur le front, comme leur père.
Evidemment, ces deux jours passèrent à une vitesse folle. Le dimanche soir, elle repartit avec son père, sa belle-mère et son frère. Ils allaient d’abord déposer Antoine à l’internat et après, ils la ramenaient chez sa mère.
De retour, dans mon studio, je me suis retrouvé bien seul...
Le week-end prochain, je suis invité à Châteauneuf sur Loire.
Episode 07 : Mon premier week-end à Châteauneuf sur Loire
J'avais hâte que le week-end arrive mais aussi un peu le trac car je me rendais à Châteauneuf sur Loire pour la première fois. Je passais le week-end chez le père de Ma Puce. Marc et sa famille étaient aussi de la partie. Mais quand même, débarqué comme ça chez des gens que je n’avais vu que l'espace de deux jours, le week-end précédent, j’étais un peu gêné. Néanmoins, j'étais en même temps très reconnaissant que tout le monde m'ait accepté aussi vite et intégré à leur clan.
Quelle magnifique propriété ! Comment la décrire ? C'est une grande bâtisse 19ème, genre manoir, entouré d'un grand parc. Il y a aussi un petit bois au bout du parc. C’est une maison dans laquelle on se sent aussitôt à l'abri, en sécurité : un refuge. Je comprends pourquoi Ma Puce y est tellement attachée et puis, elle y a tant de souvenirs, bons comme mauvais, d'ailleurs.
Revenons à ce week-end d'octobre 77... Je suis donc arrivé le vendredi soir comme prévu, j'ai été reçu par la belle-mère de Ma Puce. Les enfants et le père n'étaient pas encore là. Il fallait le temps d'en récupérer un à l’internat et de passer chercher l'autre chez sa mère mais là, c'était sur la route.
Elle me fit visiter la maison et elle m'installa dans une jolie chambre rien que pour moi ! Je dis ça, car chez mon patron, la semaine passée, j'avais dû la partager avec Antoine. La seule pièce qu'elle ne m'ait pas montrée, est la chambre de Ma Puce, je crois par discrétion car la chambre d'une fillette, c'est très personnelle !
Enfin, tout le monde arriva presque en même temps : quelle chaleur, quelle joie de vivre !
Mes rapports avec Ma Puce s'étaient considérablement améliorer. Je crois que sa timidité avait été un gros frein la semaine passée...
Décrétant que sa belle-mère ne savait pas faire, elle m'a refait visiter la maison, très fière et là, j'ai eu l'honneur de voir sa chambre : une chambre de petite fille modèle. Je ne l'imaginais pas dans une chambre avec un lit à baldaquin, elle qui est un peu garçon manqué !
Le week-end se passa super bien. Je me sentais très proche d’Antoine. Je crois que finalement tous les deux me considéraient comme un grand frère, un confident. J'avais beaucoup de respect pour Jean-Paul, leur Papa. C'est un homme rigoureux mais juste, fidèle à ses idées, très exigeant envers les autres mais parce qu'il l'est, d'abord, avec lui-même. En revanche, je le trouve assez "dur" avec son fils, alors que sa fille, il lui passe tous ses caprices, caprices malgré tout bien sages, je vous rassure !
Le week-end touchait à sa fin. La semaine prochaine, j'avais décidé d'être raisonnable et de descendre à Carcassonne. Car après, j'allais avoir un emploi du temps surchargé et je ne pourrais pas y retourner avant Noël.... Je n'oubliais pas que j'avais un fils et que ma femme était enceinte….
Episode 08 : 1978 – 1980
Je vais passer assez vite sur ces trois années, car il n'y a rien d'important à raconter.
Début 78, je suis papa pour la deuxième fois : une petite fille.
En 1979, ma femme et moi, nous divorçons. Nous nous sommes quittés en bon terme, nous n'avions tout simplement plus rien en commun (si ce n'est nos deux enfants), plus rien à nous dire. Aujourd'hui, nous sommes toujours très amis.
Ces deux années ont été bien remplies côté travail.
Je continuais à partager la vie de ces deux familles. Je passais mes week-end chez les uns ou chez les autres et aussi parfois les vacances. Je voyais grandir Ma Puce, changer, se transformer...
Je me sentais plus proche de sa famille que de celle de mon patron, mais, peut-être justement, parce que c'était mon patron !
Nous voyagions beaucoup à travers la France pour le travail et c'était très sympa.
Quand je ramenais, de temps en temps, mes enfants à Paris, Ma Puce me servait de baby-sitter. Et croyez-moi une baby-sitter gratuite et sur Paris, je peux vous dire que c'est un luxe !
Episode 09 : Nouvel An à L.A.
J'avais passé Noël 80 à Carcassonne chez mes parents, ainsi, j'avais pu profiter pendant quelques jours de mes enfants. Mon fils a déjà sept ans, c'est un véritable petit homme. Ma fille est encore un bébé mais avec déjà tout le charme des petites filles. Je m'entends bien avec leur Maman et c'est l'essentiel.
Jean-Paul et Marc avaient décidé d'emmener leurs familles à Los Angeles pour la semaine du Nouvel An et m'avaient proposé de les accompagner. J'avais accepté, c'était l'occasion de découvrir une petite partie des States et de passer du temps avec Ma Puce.
Nous sommes arrivés sous un soleil radieux. J'avais eu très beau temps à Carcassonne mais là, ce n’était pas comparable !
Ils avaient loué une superbe grande maison. Mais pas dans Los Angeles même, un peu dans la banlieue si on peut dire. Elle était de style espagnol, genre hacienda.
Ma Puce avait bien changé au cours de ces deux dernières années, elle allait avoir quatorze ans. Plus ça allait et plus entre nous, il y avait de la complicité. Nous nous voyions souvent le mercredi après-midi, elle venait à Paris, ou j'allais la chercher chez elle et nous allions au cinéma ou manger une glace. Et quand mes enfants étaient à la maison, elle venait les garder et on les emmenait au zoo ou au parc.
Nous avons visité la région. Ma Puce et Antoine n'avaient pas toujours envie de nous suivre, ils préféraient rester au bord de la piscine. Là-dessus, aussi, Ma Puce a bien changé, maintenant, c'est une insatiable visiteuse de châteaux, de musées, elle adore découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux paysages partout où nous allons...
L'année qui s'ouvrait devant nous, déjà, commençait très fort côté travail, mais, aussi et surtout, elle allait voir un changement s'opérer entre nous deux. Changement que je ne soupçonnais pas... alors que je pense que la belle-mère de Ma Puce et Rémy s'en doutaient !
Episode 10 : Les prémices d'un grand amour
En ce début d'année 1981, j'avais beaucoup de travail sur Paris : fini les week-ends à la campagne, nous travaillons aussi samedi.
Le mercredi après-midi, je prenais, quand même le temps, de voir Ma Puce.
Inconsciemment, notre relation changeait, évoluait. C'est clair que ce n'était pas un coup de foudre, car tout est venu progressivement sans que nous ne nous en apercevions...
Nous avions ce besoin de nous asseoir côte à côte, de nous toucher, de nous frôler, ce désir de sentir la présence de l'autre.
Et c’est à cette époque-là que nous avons échangé notre premier baiser : Ma Puce s’apprêtait à me souhaiter bon courage au moment où je partais travailler, et ça ne devait être qu’une bise mais nos lèvres ont dévié…
Je me rendais compte qu'elle était entrain de tomber amoureuse de moi et j'essayais de me convaincre que je ne ressentais pas les mêmes sentiments. Je me devais d'être raisonnable pour deux car c'était un amour impossible...
En février, pendant les vacances scolaires, nous sommes tous partis aux sports d'hiver à Montchavin. Tous les autres allaient skier. Ma Puce et moi restions ensemble : nous faisions de belles balades, nous buvions de grands chocolats chauds mousseux. Nous partagions des moments très sages mais doux et forts à la fois. Dire que son père croyait que je me "sacrifiais" pour rester avec elle car elle ne savait pas skier... Je n'aurais échangé ces moments pour rien au monde !
Je me rends compte, maintenant, que tous ces moments privilégiés sont les fondations de l’amour qui nous unit maintenant.
Episode 11 : Amour impossible ?
Comment gérer ce qui nous arrivait ?
Evidemment, ni l'un, ni l'autre n'étions responsables de cette attirance réciproque...
Rémy, qui nous voyait souvent ensemble et devant qui, nous étions peut-être moins discrets que devant le clan, s'est aussi rendu compte de ce qui m'arrivait... Et avec lui, ce n’est pas passé… Il m'a fait comprendre qu'il fallait à tout prix que je mette des distances entre nous, que je la vois moins, qu'elle arrive à m'oublier et à s'intéresser à des garçons de son âge...
Il est marrant, lui : c'est plus facile à dire qu'à faire.
Je savais bien qu'il avait raison, malgré tout.
Il m'a, de nouveau, entraîné en boîte...
Bon, c'est clair, j'avais trente ans et j'avais aussi d'autres désirs, d'autres besoins... Je ne suis pas méditerranéen pour rien, j'ai le sang chaud ! J'ai donc recommencé à sortir, à "draguer", mais au fond de moi, je le faisais plus par besoin que par envie réelle.
Et quand je retrouvais Ma Puce, je ressentais un sentiment de culpabilité. Elle était tellement merveilleuse dans la fraîcheur de ses quinze ans ! Et j'adorais sa moue boudeuse quand quelque chose la contrariait... Elle a encore cette moue boudeuse qui me fait toujours fondre au bout de tant d'années, sauf que les contrariétés, maintenant, sont plus graves...
Cette situation a duré jusqu'en début 1983.
Episode 12 : 12 janvier 1983
Comment parler de cette journée avec des mots simples et surtout en restant pudique.
Nous étions un mercredi et comme j'étais dans une période de travail intensif comme souvent en janvier, je n'avais même pas le temps d'aller voir Ma Puce l'après-midi.
Je venais de déjeuner dans mon petit studio et je m'apprêtais à rejoindre mon patron quand on sonna à la porte. Je commençais à râler car je n'avais vraiment pas le temps...
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir derrière la porte Ma Puce. Vraiment, je ne m'y attendais pas.
Elle me poussa à l'intérieur de l'appartement, claqua la porte derrière elle et se colla contre moi en m'embrassant. Je n'ai pas résisté longtemps, je l'ai enlacée...
Là, désolé, mais la porte est fermée et je tire les rideaux !!!!!
Il a fallu que j'invente une très bonne excuse à mon patron pour justifier mon absence de l'après-midi. Mais ce n’était qu’un détail comparé à ce qui venait de se passer entre Ma Puce et moi.
Malgré l’amour et le désir, n’ayons pas peur des mots, que je ressentais pour elle, je n’aurais jamais brusqué les choses, je la respectais trop pour ça. Finalement, elle a bien fait d’en prendre l’initiative. Si elle se sentait prête, c’était à elle de décider du moment pour franchir le pas.
Mais maintenant, il allait falloir gérer ce nouvel état de fait au quotidien. Et il était hors de question que quelqu'un l'apprenne !
Mais je ne vous cache pas que j'étais le plus heureux des hommes et que je n'ai jamais regretté ce mercredi 12 janvier 1983 !
Episode 13 : 25 avril 1983
Comme vous pouvez l'imaginer, tout se passait super bien avec Ma Puce même si nous devions être très discrets.
Allez encore deux petites années à patienter et elle serait majeure !
Comme je vous l'avais laissé sous-entendre, je n'avais pas mené une vie de moine avant que Ma Puce et moi ne devenions amants...
En début d'après-midi, ce 25 avril 1983, je reçus un coup de téléphone qui me sidéra : une jeune femme que j'avais "fréquentée" quelques jours, voire quelques semaines, il y a plusieurs mois de cela et dont je n'avais plus de nouvelles (en fait j'avais rompu car elle s'accrochait et pour moi, ce n'était pas sérieux comme vous vous en doutez...) m'appelait pour me dire qu'elle partait à la maternité, qu'elle était sur le point d'accoucher et que j'étais le futur Papa. Mais qu'elle ne voulait pas garder l'enfant, alors elle me prévenait au cas où moi, je voulus prendre mes responsabilités, sinon, le bébé serait confié à la DDASS...
Sur le moment, je fus sonné, abasourdi et ne sachant pas trop quoi faire. Ma première réaction fut d'en parler avec Ma Puce. Je savais qu'elle seule saurait trouver les mots et puis elle était, d'une certaine manière, aussi concernée par la décision que j'allais prendre. Mais nous étions, lundi, et elle était en cours. Alors, je suis allé voir Rémy qui n'a pas eu la réaction que je pensais. Il m'a dit d'oublier cet appel, que c'était une folle, qu'elle n'arrivait pas à refiler son môme à d'autres donc en dernier recours, elle m'avait trouvé moi, etc., etc... J'étais complètement perdu, il est vrai qu'elle aurait pu m'avertir de sa grossesse un peu plus tôt...
Le soir, finalement, j'ai eu Ma Puce au téléphone qui réussi à m'apaiser avec des paroles tendres et en même temps sensées. Elle venait à Paris dès demain soir et mercredi, nous aviserions. En tout premier lieu, nous irions voir le bébé à la maternité et après, nous déciderions...
Je m’aperçois maintenant que je lui ai demandé l'impossible et elle a assuré et assumé comme toujours.
Episode 14 : 26 et 27 avril 1983
J'appris dans la journée qu'un petit garçon était né et qu'il était en bonne santé.
J'avais hâte d'être en fin d'après-midi et d'aller chercher Ma Puce au collège. Nous sommes allés directement chez son père où nous avons dîné et surtout parlé de ce qui m'arrivait... Ensemble, dans la voiture, nous n'avions que peu évoqué le sujet.
Bien sûr, sa belle-mère était toute émue par cette naissance et décréta que ce pauvre bébé commençait très mal dans la vie avec une mère que le rejetait et je crois qu'elle m'incitait, sans le dire ouvertement, à ne pas abandonner, à mon tour, cet enfant. Jean-Paul, quant à lui, ne fut pas aussi catégorique que Rémy mais quand même très méfiant sur ma soi-disante paternité...
Au milieu de tout cela, Ma Puce ne disait rien... Je me sentais mal vis-à-vis d'elle. Même si elle savait que j'avais eu d'autres femmes dans ma vie entre mon ex-épouse et elle, je crois qu'elle réalisait enfin et que ça la rendait triste.
Bien sûr, elle a passé la nuit chez son père et moi, je suis rentré chez moi. Nous avions convenu de nous retrouver à mon travail dans la matinée.
Nous avons déjeuné ensemble et après, nous sommes allés tous les deux à la maternité. Elle tenait à m'accompagner.
Nous l'avons vu derrière les vitres de la pouponnière : déjà très brun et bouclé, potelé. D'après la réaction de Ma Puce : mon portrait craché !
Je l'ai laissée à la cafétéria de l'hôpital et je suis allé parler à la «mère». Je voulais plus d'explications. Finalement, elle ne m'a pas dit grand-chose : elle se désintéressait complètement de l'enfant. Bien que je sois contre, je ne comprends pas pourquoi elle ne s'était pas faite avorter...
Bon voilà, il y avait, à la pouponnière de cet hôpital, un petit homme qui n'avait pas demandé à être là et dont le destin dépendait de la décision que j'allais prendre... ainsi que la vie de Ma Puce, celle de mes deux autres enfants et la mienne. Et malgré tout ça, il fallait que je me décide rapidement d'après le service administratif de l'hôpital...
Nous avons longuement parlé devant la vitre de la pouponnière et Ma Puce réussit à me convaincre de reconnaître cet enfant. Au fond de moi, j'étais persuadé qu'il était mon fils : les dates correspondaient, il me ressemblait beaucoup. Je sais, c'est peu de choses... Croyez-moi, je l'ai vraiment fait pour le bébé et non pas pour sa mère pour qui je n'avais eu aucun sentiment et qui là, m'inspirait du dégoût, du mépris !
J'ai ramené Ma Puce chez elle. J'avais sa confiance, son soutien et surtout son amour. Et je sentais qu'elle aussi était déjà attachée à cet enfant que nous n'avions même pas encore touché...
Demain, j'entamais les démarches pour reconnaître ce petit.
J'avais demandé à sa génitrice si elle lui avait donné un prénom. Elle me répondit qu'elle n'y avait pas pensé... Ma Puce, elle, me proposa : Benjamin. Et pour tout le monde, il devint Benji !
Comment faisait-elle à seize ans pour être aussi mûre ?
Episode 15 : Ma famille s'est agrandie
Alors, ça y est, je suis officiellement Papa pour la troisième fois mais là, un Papa célibataire. Cela fait vraiment bizarre de déclarer un enfant de mère inconnue, c'est tellement plus souvent de père inconnu.
Donc, ce petit est prénommé Benjamin. Mais encore aujourd’hui, nous l'appelons toujours Benji.
Le week-end qui a suivi sa naissance, toute la tribu est restée à Paris et ça a été un défilé incessant à la maternité mais nous ne pouvions pas le voir longtemps car il était à la pouponnière. Les autres bébés, eux, passaient la journée dans la chambre de leur mère... Enfin, ça n'a pas empêché que son berceau soit envahi de peluches.
Aidé de Ma Puce, j'ai aussi dévalisé les magasins pour bébé, il fallait bien que je prépare son arrivée dans mon petit studio.
Quelques déceptions quand même : pour le moment, je suis en froid avec Rémy, nous nous sommes même battu un soir au bureau car il ne comprend vraiment pas : pour lui, je me suis fait avoir...
C'est aussi le début de ma mésentente avec ma mère, elle a très mal pris la nouvelle quand je lui ai téléphoné pour lui dire qu'elle était encore grand-mère. En fait, elle n'acceptera jamais Benji et encore aujourd'hui, elle fait une différence avec mes trois autres enfants...
Sinon, Ma Puce se conduit comme une petite Maman avec lui. C'est tellement attendrissant de les voir tous les deux. Ce nouveau lien entre nous fait qu'il est de plus en plus difficile de cacher ce qui se passe entre nous. Déjà quelques personnes de notre entourage sont au courant : Rémy bien sûr, mais aussi son frère, sa belle-mère et la femme de Marc. Et des rumeurs circulent dans mon entourage professionnel.
Maintenant, je n'ai qu'une envie, c'est qu'un jour, elle me donne une petite fille qui lui ressemblera...
Episode 16 : Benji quitte la maternité
Mon bout’chou a déjà dix jours et cet après-midi, je vais le chercher à la maternité. Je trouve qu'ils l'ont gardé bien longtemps. Je pensais le récupérer mardi ou mercredi. Avec Ma Puce, nous nous étions organisés en conséquence... Enfin, aujourd'hui, c'est le grand jour. Heureusement qu'elle n'a pas cours le vendredi après-midi, nous allons le chercher tous les deux. Et après nous partons à Châteauneuf pour le week-end.
Je suis très ému au moment de le prendre dans mes bras et de quitter l'hôpital. En fait, je reconnais que finalement, je me suis très peu occupé des deux aînés et là, devant ce petit homme, soudain, j'ai le trac... N'ai-je pas présumé de mes capacités ? Je sais aussi que je suis bien entouré et que je serais aidé... Mais bon, il faut aussi que je me débrouille seul, que j'assume !
Heureusement, Ma Puce est plus débrouillarde avec les bébés. Elle l'installe dans la voiture et se met derrière avec lui. Nous avions quand même de la route à faire.
A l'arrivée à Châteauneuf, nous sommes attendus par sa belle-mère. Elle a tout préparé pour nous recevoir avec le bébé. Elle a même ressorti du grenier le vieux berceau d’Antoine, elle est toute contente de jouer à la Mamie.
Grâce à sa complicité, Ma Puce a fait admettre à son père que se serait mieux que Benji dorme dans sa chambre... La bonne excuse ! Oh la la, si Jean-Paul savait tout...
J’irais les rejoindre dans la chambre de Ma Puce, une fois la maison endormie, comme je le faisais depuis trois mois.
Nous avons passé un super week-end : nous avons fait de longues promenades avec bébé dans son landau ; il a pu profiter du bon air de la campagne.
Il a été formidablement accepté par le clan, seul Antoine s'y intéresse peu, c'est normal à son âge, il a d'autres centres d'intérêt.
Voilà, le week-end se termine et demain, une semaine commence. Le vrai début de notre vie ensemble à Benji et à moi !
Episode 17 : Le baptême de Benji
Ma vie s'organisait autour de mon fils. Il était merveilleux et se faisait à tous les changements, je l’emmenais partout. Il allait de bras en bras sans jamais pleurer.
Je m'étais réconcilié avec Rémy et j'en étais très content, car notre brouille m'avait vraiment peiné, il était comme un frère pour moi et je lui devais tant. C'est quand même grâce à lui si j'ai rencontré Ma Puce...
Nous sommes le premier dimanche de juin 1983 et c'est un grand jour pour Benji, Ma Puce et moi : c'est son baptême. J'ai demandé à Ma Puce d'être sa marraine, c'est le lien le plus étroit que j'ai trouvé pour eux deux.
Nous avons eu des échos dans le milieu où je travaille : certains ont lancé la rumeur comme quoi elle serait sa mère naturelle et que vue qu'elle était mineure et moi «très» vieux, pour m'éviter les problèmes, nous avions monté cette histoire de mère qui l'abandonne à la naissance. Que les gens peuvent être médisants et méchants... En plus, c’est bien gratuit comme racontar, car ils ont bien vu pendant tous ces mois que Ma Puce n’était pas enceinte, elle passe suffisamment de temps avec l’équipe… Et quand bien même, je connais assez Jean-Paul, maintenant, pour savoir que s’il était arrivé ça à sa fille, oh bien sûr, il m'aurait sûrement "engueulé" copieusement, mais je sais aussi que chacun aurait assumé son rôle et Ma Puce aurait été une merveilleuse Maman et jamais elle n'aurait abandonné son enfant, elle !
Revenons au baptême, il se déroule à Châteauneuf. C'est le cadeau de baptême du père de Ma Puce de l’avoir organisé chez lui.
Pour sceller notre réconciliation, j'ai demandé à Rémy d'être le parrain.
Ce fut une journée merveilleuse. Dommage que Ma Puce et moi ne puissions vivre notre amour au grand jour et je vous avoue que ça devient vraiment difficile de se cacher, et la présence de Benji n'arrange rien, si ce n'est qu'elle nous procure des alibis pour passer plus de temps ensemble...
Episode 18 : C'est l'été
Les vacances s'annoncent.
Ma Puce part deux semaines avec sa mère en Vendée et moi, je descends à Carcassonne profiter de mes deux aînés et leur présenter leur petit frère.
Cela va être difficile de rester quinze jours sans nous voir... Et à cette époque, il n’y avait pas de téléphone portable...
Et puis au mois d'août, tout le clan se retrouve en Bretagne : trois semaines à profiter de notre petit Benji et tenter de vivre notre histoire d'amour au milieu de dix personnes qui ne doivent surtout pas se douter de quelque chose.
A la rentrée, ça va être sympa, Ma Puce change d'école et maintenant, elle n'aura plus cours l'après-midi, ainsi nous pourrons nous voir encore plus souvent. Je reconnais aussi que j'ai un travail cool : il y a des périodes intenses mais sinon le reste du temps, je fais ce que je veux. Ainsi, j'ai beaucoup de moments de liberté...
Mon petit Benji se porte bien. Je crois que je ne me débrouille pas trop mal en Papa célibataire ! Il faut dire aussi que je suis bien entouré, bien aidé.
Les présentations dans ma famille ont été mitigées... Ma mère lui a à peine jeté un regard... Mon père a fondu, encore très fier que ce soit un garçon : son second petit-fils ! Mes deux aînés ont l'air de l'accepter, il faut dire que leur Maman leur a bien expliqué la situation. Nous avons bien réussi notre divorce et nous sommes devenus de très bons amis, et surtout, elle ne m'a jamais dénigré vis-à-vis de nos enfants.
Ma vie est belle, je suis heureux : j'aime une jeune femme merveilleuse, j'ai un bébé adorable et un travail qui me branche. Quoi demander de plus...
Vingt-cinq ans plus tard, j'aime toujours la même jeune femme merveilleuse, mon bébé est devenu un jeune homme super bien dans ses baskets, j'ai changé de travail mais maintenant je fais vraiment ce que j'aime et je suis mon propre patron !
Episode 19 : Fin 1983
Les deux derniers mois de l'année, je les ai passés à sillonner la France pour mon travail. J'étais séparé de Ma Puce et de Benji que j'avais laissé aux bons soins de ses parents. Ainsi Ma Puce le voyait souvent. Je ne m'inquiétais pas, je savais qu'il était bien où il était, mais tous les deux qu'est-ce qu'ils me manquaient... Cela en était presque douloureux.
Pendant les vacances de la Toussaint, nous avons réussi à organiser leurs venues. Pendant dix jours, nous allions être réunis mais ce n’est pas évident d'aller d'hôtel en hôtel avec un bébé de six mois. Mais rien ne nous arrêtait dès que nous reformions notre petite famille. Et la jeunesse de Ma Puce me donnait des ailes.
Nous avons passé dix jours fatigants mais inoubliables.... Il faut suivre le rythme. Mais nous étions heureux et c'est le principal.
Ces dix jours passèrent comme l'éclair mais Noël allait vite arriver et je rentrerais à la maison. Nous avions hâte, c'était le premier Noël de Benji ! Et pour une fois, Ma Puce serait à Noël avec son père. Les deux familles avaient décidé de passer le réveillon et le 25 décembre ensemble à Châteauneuf. La maison est plus grande pour loger tout le monde que celle de mon patron. J’étais bien sûr invité pour les deux jours. Il était important pour Ma Puce et moi de passer ce Noël ensemble pour Benji et pour nous aussi.
Episode 20 : 1984
Que dire de l'année 84 : elle passa très vite. En début d’année, j'ai été en déplacement professionnel, ainsi qu'en fin d’année.
Pendant les vacances de Pâques, nous sommes partis tous les deux au Maroc. Cette semaine fut un pur moment de bonheur avec ce parfum d’interdit. Nous avions inventé de nombreux mensonges pour arriver à ça, mais nous avons été bien aidé par la belle-mère de Ma Puce, elle prenait de gros risques pour nous si les parents apprenaient la vérité et par Antoine. Lui, il allait skier avec sa mère, alors Ma Puce a fait croire qu’elle partait avec eux. De mon côté, j’ai donc confié Benji à son père et à sa belle-mère en disant que je descendais quelques jours à Carcassonne pour passer du temps avec mes deux aînés et que je ne voulais pas «m’encombrer» d’un bébé. Nous avions peur que l’un ou l’autre de ses parents appellent à l’hôtel où elle était sensée loger. Là, son frère devrait faire preuve d’imagination et surtout éviter que sa mère ne parle à son père.
Fin avril, nous avons fêté le premier anniversaire de Benji et en mai, Ma Puce et moi commencions un compte à rebours important : dans un an, elle serait majeure.
Nous faisions de grands projets pour cette occasion : d'abord une grande fête et ensuite l'officialisation de notre amour. Je craignais un peu la réaction de Jean-Paul.... Mais bon, là, sa fille sera majeure et je sais aussi qu'il ne veut que son bonheur. Il nous l'a maintes fois prouvé.
Pendant l’été, là encore, Ma Puce vint plusieurs fois me rejoindre pendant mes déplacements professionnels mais sans Benji car avec la chaleur, il était aussi bien à Châteauneuf. Nous profitions au maximum de ces moments qui nous étaient donnés d'être seul, loin de ses parents.
Je me demande encore, alors que nous étions de moins en moins discrets, comment son père n'a jamais rien su, car maintenant personne n’ignorait notre relation.
Et le reste du temps, quand j'étais à Paris, nous nous voyions tous les après-midi. Les week-ends étaient plus problématiques au milieu du clan, bien que sa belle-mère fasse preuve d'ingéniosité pour que nous arrivions à nous retrouver un peu seuls, à l'écart de la famille...
A l’automne, Ma Puce a eu une grosse frayeur. Un samedi après-midi, nous devions nous retrouver de l’autre côté de Paris. Je suis arrivé très en retard à notre rendez-vous car la baby-sitter m’avait fait faux-bond et il a fallu que je coure dans tout Paris pour trouver à qui confier Benji. Quand je suis arrivé, je l’ai trouvée dans un état, elle était décomposée, elle s‘était imaginée le pire. Et bien sûr, à l’époque, il n’y avait pas de téléphone portable pour prévenir. Une fois remise de ses émotions, elle m’a fait remarquer qu’il aurait été aussi simple d’amener Benji avec moi… Quel idiot, je suis ! Je n’y avais pas pensé….
Episode 21 : Début 1985
En ce début d'année, tout s'écroule pour nous.
Mon patron décide de liquider son entreprise, donc entre autre, Rémy et moi sommes licenciés... Par la même occasion, je perds mon logement car j'habitais toujours son studio.
Je me retrouve loin de ma famille, à trente-cinq ans, sans emploi, avec un bébé de dix-huit mois, deux autres enfants à nourrir, une pension alimentaire à verser et sans logement. Je ne suis pas du genre défaitiste mais là, je me suis senti perdu, j’étais anéanti.
Ma Puce m'a proposé de demander à son père de m'aider mais j'ai refusé, Jean-Paul est trop ami avec Marc, je ne voulais pas le mettre dans une mauvaise situation.
C'est à ce moment-là que j'ai pris la plus mauvaise décision de ma vie : j'ai rendu sa liberté à Ma Puce. Et Dieu sait quelle torture, ça a été de faire ça. Pour tenter de l’expliquer, je lui ai dit qu'elle était jeune, qu'il fallait qu'elle m'oublie, qu'elle fréquente des garçons de son âge, qu'en fait, elle n'avait pas eu d'adolescence, etc... La blessure que je lui ai infligée ce jour-là, jamais, je ne me la pardonnerais mais je lui en infligerai une bien pire dix-neuf ans après... La douleur que j'ai lue sur son visage m'a hanté de nombreuses nuits. Que voulez-vous, je me prenais pour un rater, elle méritait mieux que ça.
Je ne savais plus où j'en étais et ce que j'allais faire à part redescendre à Carcassonne et malheureusement, elle était encore mineure, elle ne pouvait pas partir avec moi. Je croyais en agissant ainsi l'épargner... J'ai su après, combien elle a souffert mais même si c'était bien fait pour moi, j'ai dérouillé aussi. Je l'aimais tant et je n'ai jamais cessé de l'aimer jusqu'à ce que nous nous retrouvions quinze ans plus tard.
Alors en ce début 1985, Rémy, Benji et moi avons repris le chemin de l’Aude. Rémy avait gardé sa maison et il proposa de m'héberger avec le petit. Nous avions eu une très bonne indemnité de licenciement qui nous permettrait de pouvoir nous retourner. J'avoue que je haïssais Marc : il avait détruit nos trois vies à Ma Puce, Benji et moi.
Et moi, j’ai très mal géré la situation…
Episode 22 : Fin 1985 et les années qui vont suivre
La vie s'est organisée chez mon ami Rémy. Pas facile de se réhabituer à la vie en province, surtout après la vie trépidante que nous avions eue pendant sept ans à Paris.... Pas facile non plus de faire cicatriser mon cœur ; en plus, j'avais l'impression que Benji perdait sa Maman pour la seconde fois...
Au moins, ça me permettait de reprendre contact avec mes deux autres enfants, de remplir enfin mon rôle de père. Avec mon fils aîné, tout se passait bien, mais pour ma fille, j'étais un étranger... Je le suis toujours d’une certaine façon…
Par Jean-Paul et Antoine, j'avais des nouvelles de Ma Puce. Elle s'était installée en Espagne où elle avait refait sa vie. Je lui souhaitais tout le bonheur du monde : elle le méritait vraiment. J'espérais un peu qu'elle ne m'oublie quand même pas, qu'elle me garde une petite place dans son cœur. Mais je la savais meurtrie et je la connais suffisamment pour savoir comment elle réagit quand elle est blessée...
Voilà, les années s'écoulaient ainsi : je voyais grandir mes enfants, je n'avais pas remplacé Ma Puce. Rémy et moi avons créé une entreprise d'organisation d'évènements, ça marche plutôt bien, nous sommes assez fiers et surtout nous n'avons plus de patron !
Au bout de quelques mois, j'ai quand même acheté une maison pour Benji et moi et avec des chambres pour recevoir mes deux autres enfants. Rémy avait mérité de retrouver son intimité. Il m'avait bien dépanné et il le fera encore dans quelques années...
En 1990, j'ai appris que Ma Puce était rentrée en France et qu’elle s'était installée chez sa Maman. Je n'osais pas l'appeler... Je crois que je ne le ferais jamais d'ailleurs. Il valait mieux la laisser vivre sa vie... Elle m’avait sûrement oublié…
Episode 23 : Fin des années 90
Comme il n'y a rien à dire sur toutes ces années, je passe rapidement sur la fin des années 80 et le début des années 90.
Pour m’occuper, je m’intéresse à la vie de mon village et, là, je côtoie plus les gens, je suis invité à des inaugurations, des commémorations, au 14 juillet. Et, je fais la connaissance d'une femme qui, au premier abord, a l'air sympathique.
Depuis Ma Puce, je n'ai eu que des aventures d'une nuit, je l'aime toujours, je ne peux l'oublier même si cela fait plus de dix ans que nous ne nous sommes pas revus. J'ai toujours de ses nouvelles par son père, je ne peux m'empêcher de m'intéresser à ce qu'elle fait, à ce qu'elle devient.
Revenons à cette femme, nous avons sympathisé. Nous nous sommes vus à plusieurs reprises, nous avons dîné ensemble. Je me disais, égoïstement : j'ai quarante-huit ans, j'ai un travail qui marche bien, mes enfants sont élevés ou presque. Pourquoi resté seul ? Celle-là ou une autre, à partir du moment où j'avais perdu la seule femme qui faisait vibrer mon cœur...
Au début, nous avions gardé chacun nos maisons, j'avais beaucoup de mal à installer une femme chez moi. Benji et moi avions nos petites habitudes !!!!
Puis un jour, elle m'apprit qu'elle attendait un bébé... Je croyais qu'elle prenait ses précautions. Bon, ok, je me suis encore fait piéger... Alors, pour cet enfant à naître et parce qu'il fallait qu'il y ait une fin en soi, je lui ai demandé de m'épouser. Ce qu'elle accepta sans problème. Bah voyons...
Courant 98, je fus Papa pour la quatrième fois d'une adorable petite fille.
Episode 24 : 11 janvier 2001
Trois ans plus tard, ce ne fut pas le plus beau jour de ma vie, mais certainement un des plus beaux jours.
En fin d'après-midi, de retour au bureau, j'ai consulté ma messagerie électronique. Distraitement, je regardais les mails s'afficher quand un a particulièrement attiré mon attention : ce prénom, ce nom. Mais, c'était un mail de Ma Puce !
J'avais un peu le trac en cliquant dessus de découvrir ce qu'elle m'écrivait. Depuis le temps que nous ne nous étions pas parlés, ni vus... Que pouvait-elle avoir à me dire après tant d'années ? Je sais qu'elle n'avait plus jamais parlé de moi ni avec son père, ni avec son frère...
Bon, je pris mon courage à deux mains et puis la curiosité était plus forte que la peur.
Elle m'écrivait qu'elle était entrain de classer des photos cet après-midi quand elle était tombée sur des photos de moi, de nous (je notais au passage qu'elle ne les avait pas détruites...) et que soudain, plein de souvenirs lui étaient revenus en mémoire. Et qu'elle avait eu envie de savoir ce que je devenais. Elle avait donc contacté son père pour savoir si lui avait de mes nouvelles. Il lui dit que nous avions toujours gardé le contact tout au long de ces années et il lui donna mes coordonnées postales, téléphoniques et mail. Elle me dit qu'elle n'avait pas osé téléphoner, préférant pour reprendre contact envoyer un mail.
Sous sa signature, elle avait inscrit son numéro de téléphone portable.
A peine ma lecture terminée, je me suis jeté sur mon portable et j'ai composé son numéro. Je n'avais qu'une hâte entendre sa voix, sa voix douce, tendre, sensuelle, enfin elle était ainsi dans mes souvenirs.
Je ne fus pas déçu : sa voix était la même, elle avait juste un peu mûrie, c'était la voix d'une femme et non plus celle d'une jeune fille.
Nous avons discuté pendant une bonne heure mais sans vraiment faire allusion au passé, un peu comme si ces quinze dernières années n'avaient pas existé...
Elle me dit rapidement qu'elle aimerait me revoir, si bien sûr j'en avais envie aussi. Quelle idée ! J'en crevais d'envie !
Problème, je partais, demain, pour plusieurs jours en déplacement professionnel. Comment faire pour nous voir rapidement, car là, nous ressentions comme une urgence...
Finalement, nous décidions qu'elle viendrait me rejoindre dès le lendemain par avion et que nous passerions ces quelques jours ensemble. C'était aussi bien que je sois en déplacement, pas d'explication à donner à la maison...
Quand nous avons eu raccroché, je me demandais si je ne rêvais pas. Demain, je me retrouverais face à la femme que j'aime. J'espère que nous ne faisons pas une erreur encore une fois…
J'ai décidé d'attendre que nous nous soyons revus et me rendre compte comment ça allait évoluer pour en parler à Benji. Il ne se souvenait pas vraiment d'elle, mais j'avais entretenu sa mémoire avec les photos, mes souvenirs et puis, elle était toujours sa marraine...
Episode 25 : Nos retrouvailles
Je ne vous cache pas que je n'avais pas dormi de la nuit : j'étais trop énervé, trop excité à l'idée de revoir Ma Puce à midi, de la serrer dans mes bras (enfin si elle le voulait bien...). On aurait dit un adolescent à son premier rendez-vous !
Ma femme s’intéresse si peu à moi qu’elle n’a même pas remarqué mon trouble, mon excitation. C’est aussi bien comme ça. Ainsi, je n’avais aucune explication à donner, aucun mensonge à inventer.
Je suis parti tôt de la maison, j'avais de la route à faire jusqu'à l'aéroport de Bordeaux, je ne voulais pas prendre le risque d'être en retard.
Bien sûr, je n'avais parlé à personne de ce rendez-vous, même pas à Benji... J'avais hésité à le dire à Rémy, car il fallait que j'en parle à quelqu'un, mais finalement, je me suis abstenu.
Je suis arrivé très en avance à l'aéroport, j'ai bu café sur café, j'ai fait les cent pas dans le hall de l’aérogare... Je n'arrivais pas à me calmer, surtout après qu'elle m'ait téléphoné avant de monter dans l'avion. Elle avait l'air aussi impatient que moi, mais elle semblait avoir moins le trac.
Enfin, son vol fut annoncé comme ayant atterri, je me suis approché de la porte par laquelle elle devait arriver. Je me demandais si j'allais la reconnaître au premier coup d’œil... Elle avait sûrement changé en quinze ans.
Et moi, en me voyant, comment réagirait-elle ? Elle gardait l’image d’un homme de 35 ans, elle allait se retrouver face à un homme de 50 ans qui s’était un peu laissé aller physiquement. J’avais décidé pour Ma Puce de me reprendre en main, je devais la mériter, lui faire honneur.
Soudain, une apparition au milieu de la foule : une jeune femme superbe, très méditerranéenne, et avec une classe incroyable. J'avais l'impression qu'on ne voyait qu'elle. Elle s'avançait vers moi sans l'ombre d'une hésitation. Moi, j'étais pétrifié, je n'arrivais pas à faire un pas en sa direction. J'avais quitté une jeune fille, je retrouvais une jeune femme dans la plénitude de ses trente ans, mais c'était la même personne, d’une certaine façon, elle n'avait pas changé.
Finalement, nous nous somme rejoints et tout naturellement, nous avons échangé un tendre baiser. Mais nous n'avons pratiquement pas parlé : nous nous regardions, nous nous embrassions, nous nous touchions. Puis, je l'ai conduite à ma voiture et nous sommes partis vers où mon travail m'appelait. Nous avions le temps, nous n'allions pas très loin de Bordeaux et je n'étais attendu que vers 18h00.
C'était comme si ces quinze dernières années n'avaient jamais existé, comme si le temps s'était arrêté. Je ne sais pas si elle m'avait pardonné, nous n'en avons jamais vraiment parlé. Nous avons repris là où nous nous étions arrêtés ou presque. Seulement, elle était devenue plus fragile : pendant toutes ces années, elle avait subi beaucoup de blessures qui ne cicatrisaient pas facilement. A moi, maintenant, de prendre soin d'elle, de la protéger, de l'aimer enfin comme elle le méritait.
Episode 26 : 04 jours de rêve
Nous avons passé quatre jours de rêve qui se sont écoulés bien trop vite. Bien sûr, je travaillais le soir, mais nous étions ensemble, nous nous étions retrouvés et c'était l'essentiel. Ma Puce pouvait rester avec moi lorsque je travaillais et ça c'était sympa. Sa présence, son regard m'ont toujours apporté beaucoup dans ces moments-là, et malgré son amour, elle a toujours gardé son esprit critique.
Nous nous sommes racontés notre vie pendant ces quinze dernières années. Elle me parla de son ex-mari, de leur divorce. J'ai vu qu'elle accusait le coup au sujet de mon mariage. Elle me posait beaucoup de questions sur Benji. Il était notre principal sujet de conversation.
Quand j'ai voulu revenir sur notre séparation, elle m'a fait taire d’un baiser...
Rien n'était simple au début de notre relation à cause de son jeune âge et maintenant où tout pourrait être facile, j'étais marié... J'allais encore briser une famille... Mais il était hors de question de la laisser s'échapper : je lui devais enfin ce bonheur et moi, qui n'avais jamais pensé la retrouver un jour, je ne comptais pas la perdre de nouveau.
Je lui promis de m'arranger pour venir la voir dans les semaines qui viennent car elle n'allait pas pouvoir se libérer, elle était en plein déménagement.
Je sais que ce que j'allais faire, c'est mal et je ne me cherche pas d'excuse mais j'allais tout mettre en œuvre pour la voir le plus souvent possible et organiser notre nouvelle vie. Avec la complicité de Rémy et grâce à mes déplacements professionnels, cela ne devrait pas être trop difficile...
Et puis, je ne comptais pas mentir très longtemps à ma femme. D'ailleurs, je suis tellement heureux, que je vais avoir du mal à le cacher.
Ma priorité, c'est Ma Puce !
Episode 27 : La mauvaise nouvelle
Le sort s'acharne contre nous.
Pourtant, tout aurait pu bien se passer. Le bonheur nous souriait. Bien sûr, nous étions à 800 kilomètres l'un de l'autre mais grâce au téléphone et à Internet, on abolit un peu la distance... Et je nous donnais les moyens de nous retrouver le plus souvent possible.
Trois semaines après nos retrouvailles, je suis venu rejoindre Ma Puce pour quelques jours. Nous avions décidé de les passer à Châteauneuf, dans la propriété de son père.
Evidement, pendant le week-end, nous n'avons pas été seul, son père et son frère était là pour "fêter" mon retour dans la famille. Nous en avons profité pour dire la vérité à son père sur ce qui s'était passé entre nous dans le passé. En fait, il s'en doutait un peu : il avait eu des soupçons, il avait surpris des gestes, des regards et puis, le fait que pendant toutes ces années, je n'avais cessé de prendre des nouvelles de sa fille... Ce n’est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace !
Début mars, Ma Puce a déménagé. Après ce déménagement, elle est venue passer quelques jours à Carcassonne. Nous logions chez Rémy dans ces moment-là. Je la trouvais fatiguée. Depuis le mois de septembre précédent, elle suivait un traitement pour des problèmes médicaux mais elle souffrait malgré tout...
Courant avril, elle passa de nouveaux examens qui ne se sont pas révélés très bons... Son généraliste laissait même entrevoir que cela pourrait être grave et qu'il fallait qu'elle se fasse opérer le plus vite possible. Vous imaginez la panique... Je me suis tout de suite débrouillé pour me libérer et je suis vite venu près d'elle. Je me sentais impuissant devant une telle situation. Le chirurgien que nous avons vu, a été moins pessimiste ; pour lui, d'après les examens et les échographies, il n'y avait rien de "cancéreux" mais il valait mieux opérer. Nous étions quand même un peu soulagés mais tant que nous n'aurions pas les résultats d'analyse de ce qui allait être enlevé, nous ne serions pas complètement rassurés et puis, il y avait quand même opération. Et le risque zéro n'existe pas...
Ma Puce fut opérée début mai et tout se passa aussi bien que possible. C'était bien bénin. Merci au généraliste de nous avoir affolés pour rien... Mais elle a eu quand même pendant six mois un traitement assez lourd avec des effets secondaires très embêtants et il n'y a qu'un an qu'elle a arrêté d'elle-même, complètement, le traitement plus léger qu'elle avait eu après et qu'elle prenait depuis cinq ans...
Seulement, d'après les médecins, elle avait peu de chance de réussir à tomber enceinte. Cela a été un choc. Nous espérions tant voir notre amour se concrétiser par un petit bébé. Je rêvais d'une petite fille ressemblant à Ma Puce.
Une fois qu'elle a été rentrée chez elle et confiée aux bons soins de sa Maman, je suis redescendu à Carcassonne. J'avais pris la décision de quitter ma femme. Rémy m'avait offert de m'installer chez lui avec Benji comme au bon vieux temps... Ainsi Ma Puce pourrait venir me rejoindre et rester autant qu'elle le voudrait et je n'aurai plus d'excuse à fournir, ni de compte à rendre. J'allais aussi rapidement entamer une procédure de divorce. J'avais demandé à Ma Puce de m'épouser...
Episode 28 : Fin 2001 - 2002 – 2003
Fin 2001, 2002 et 2003 sont passés sans évènement particulier.
Je m'étais donc installé chez Rémy avec Benji, et Ma Puce est venue nous y rejoindre. Nous faisions de fréquents allers et retours en Seine et Marne ou dans le Loiret pour voir sa famille.
Pour nos travails respectifs, nous étions très souvent en déplacement. Nous essayions de faire coïncider nos emplois du temps pour être le moins possible séparés. Comme par exemple, cette semaine vers Saint-Malo pour un dossier à Ma Puce qui nous permis de découvrir une belle région, de faire de jolies promenades malgré un mois de mars pluvieux. Nous avions loué une petite maison où nous avions la chance d’avoir une cheminée dans laquelle je faisais une bonne flambée tous les soirs. Nous passions nos soirées au coin de l’âtre, à faire griller des chamallows et surtout à nous isoler du monde extérieur.
J'avais entamé une procédure de divorce mais je me heurtais à un mur : elle refusait le divorce et me cherchait tous les problèmes possibles et imaginables, faisait constater l'abandon du domicile conjugale, l'adultère, du chantage avec notre fille, etc...
Nous n'étions pas au bout de nos peines. Pour le moment, Ma Puce tenait le coup et me rassurait que tout irait bien.
Ma mère refusait de nous recevoir. Elle accusait Ma Puce d'être responsable du malheur qui frappait sa "chère" belle-fille...
Nous passions le moins de temps possible dans l’Aude, l'ambiance y était pesante. Et puis, au fil du temps, c'était gênant de vivre chez Rémy Nous n'étions pas chez nous et lui, n'avait plus de vie privée. Mais il a été merveilleux et très disponible, il se faisait discret dans sa propre maison. Il nous avait offert sa chambre à coucher et lui s’était installé dans l’ancienne chambre de sa fille, alors que Benji occupait la chambre de son fils.
Nous passions le plus de temps possible en voyage ou à Châteauneuf ou chez la mère de Ma Puce.
Et ce divorce qui traînait en longueur...
Episode 29 : 2004, l'année de tous les bonheurs
2004, commençait sous les meilleurs hospices. En mars, Ma Puce appris une nouvelle inespérée : elle était enceinte. Son médecin fut le premier surpris car franchement, il n'y croyait pas. Avec sa maladie, elle avait vraiment très peu de chance de tomber enceinte. Il ne nous cacha pas que c'était une grossesse à risque, qu'il fallait qu'elle se ménage, qu'elle évite les longs trajets en voiture, le stress, les contrariétés et surtout laissé passer les trois premiers mois avant de faire le moindre projet.
Elle resta donc chez sa Maman, en s'offrant des périodes de repos chez son Papa à la campagne. Plus question d'aller et retour entre la Seine et Marne et l’Aude.
Je ne vous cache pas mon bonheur même s’il était encore trop tôt pour se réjouir.
Je suis redescendu à Carcassonne pour mon travail et surtout pour relancer la procédure de divorce, voir avec mon avocat comment on pouvait accélérer les choses maintenant qu'il y avait un nouvel évènement dans ma vie. Ce serait le plus beau cadeau que je puisse faire à Ma Puce pour la remercier de celui qu'elle me préparait...
Depuis peu, nous savions aussi, oh surprise, que ce n'est pas un mais deux bébés que nous allions avoir. Quand nous faisons quelque chose, nous ne le faisons pas à moitié !
Fin juin, elle eut l'autorisation de partir un peu. Nous sommes allés passer une semaine dans les Alpilles. Ma Puce était en pleine forme. Tout avait l'air de bien se dérouler...
En rentrant, elle a refusé de remonter en Ile de France, comme elle se sentait bien, elle revint vivre avec moi chez Rémy. Elle profitait du soleil, de la piscine et moi je voyais son ventre qui commençait à s'arrondir. J'étais fier et tellement amoureux. La maternité lui allait à ravir, elle était superbe, bronzée, épanouie, heureuse, sûre d'elle et de son pouvoir sur moi...
Mais bien sûr, l'annonce de cette grossesse a réveillé le dragon et le volcan (mon ex-femme et ma mère). Ma femme s'opposait toujours au divorce, je vous passe les injures que j'entendais sur Ma Puce de la part de ma mère. J’avais malgré tout le soutien de mon père et de mon frère.
J'essayais de l'épargner autant que je le pouvais, j'aurai tant préféré qu'elle soit loin de tout cela, près des siens, même si elle aurait été loin de moi...
L'été passa très vite. Nous étions déjà mi-août...
Episode 30 : 2004, l'année de tous les malheurs
Dans la seconde moitié du mois d'août, j'ai eu rendez-vous avec mon avocat. Il avait l'air de très mauvaise humeur et quand je lui ai, encore, demandé, ce que nous pouvions faire pour accélérer le jugement du divorce, il m'a répondu : que c'était n'importe quoi d'avoir mis ce(s) bébé(s) en route, qu'il fallait attendre que le divorce soit prononcé, que ça compliquait les choses, etc...
Quand je suis rentré à la maison, j'ai raconté notre conversation à Ma Puce. Bien sûr, j'aurai mieux fait de m'abstenir. Car nous nous sommes disputés et elle culpabilisait de me compliquer ainsi la vie. Nous avons boudé chacun de notre côté pendant un bon moment, mais c'est vrai qu'entre nous, ces petites brouilles ne durent jamais bien longtemps.
Le lendemain, j'avais pris la décision de parler à ma mère, de lui demander de se calmer et d'arrêter d'attiser le feu entre ma femme et moi. Et surtout, lui dire que tout cela ne la regardait pas. L'entrevue s'est très mal passée, je suis rentré très énervé à la maison et surtout, blessé par les paroles prononcées par ma mère. Alors je me suis enfermé dans notre chambre sans adresser la moindre parole à Ma Puce, je n’avais pas le courage d’affronter son regard et ni de devoir lui raconter mon entretien avec ma mère. Je la devinais derrière la porte n’osant pas entrer. Je devais l'effrayer, elle ne m'avait jamais vu ainsi ; moi qui suis d’un naturel calme. Puis j'ai entendu qu'elle était au téléphone, sûrement avec un de ses parents.
J'en ai profité pour sortir de la chambre et partir en voiture. J'ai roulé, roulé. Il fallait à tout pris que je me calme. Le portable sonnait, mais je ne répondais pas : le nom qui s'affichait, celui de Ma Puce. Elle devait être folle d'inquiétude. J'ai, finalement, décidé de rentrer, mais je ne me sentais pas moi-même. Je n'avais jamais été dans un état pareil...
Ma Puce m'a accueilli à la porte, soulagée, en entendant la voiture. Et là, j'ai fait quelque chose que je regrette à un point et que Ma Puce a été très longue à me pardonner... J'ai entraîné Ma Puce dans notre chambre et là, je l'ai prise violemment. Comme si je voulais la marquer de mon empreinte, lui prouver que quoi qu'il arrive, elle était ma femme dans tous les sens du terme. Je ne me reconnaissais pas, comment je pouvais traiter ainsi la femme que j'aime et en plus, si fragile en ce moment. Cette nuit-là, je suis allé dormir dans la chambre de Benji. Je me dégoûtais, j'avais honte de moi, je n'oserais plus la regarder en face...
Le lendemain, quand nous nous sommes retrouvés, nous n'avons pas abordé le sujet... Mais pendant la nuit, j'avais pris une grande décision. Je laissais l'entreprise à Rémy et à Benji et nous, nous irions nous installer en région parisienne, loin de ma famille. Si elle voulait encore de moi, nous essaierions de rebâtir quelque chose pour nous et nos enfants.
De toute façon, dans une semaine, elle devait remonter chez elle pour des raisons familiales. Là, nous aviserons
Les jours qui suivirent cette soirée horrible se passèrent tranquillement. Ma Puce et moi faisions beaucoup de projets, nous cherchions la meilleure solution pour nous deux, nous trois avec Benji. Finalement, elle réussit à me convaincre que le mieux serait de nous installer dans l’Aude, de ne pas fuir devant l'adversaire. Donc, nous allions organiser ça pour le début de l'année, juste avant la naissance des jumeaux.
Le week-end prochain, nous remontions, donc, dans le nord. Ma Puce avait organisé une grande réunion familiale chez son père, comme elle le fait chaque année pour réunir toute la famille qui a été un peu éparpillée pendant les deux mois de vacances. Elle avait hâte d'y être, son clan lui manquait.
Nous devions donc reprendre la route le samedi mais le vendredi soir, Ma Puce fut prise de contractions, de douleurs au ventre. Je l’ai emmenée tout de suite à l’hôpital. Ils l’ont gardée en observation toute la nuit après l’avoir examinée et ils lui ont fait des piqûres pour stopper les contractions. L’interne ne m’avait pas caché qu’il était très inquiet pour les bébés. Il fallait à tout prix que Ma Puce se ménage et reste allongée le plus possible si elle voulait mener sa grossesse à terme sans problème.
Je l’ai ramené à la maison dans la matinée. Je ne vous cache pas que les souvenirs de l’autre soirée me revenaient en mémoire et que je me sentais responsable de ce qu’il lui arrivait maintenant. Ma brusquerie avait dû fragiliser son état déjà précaire…
Après avoir repris l’avis du médecin de l’hôpital, nous avons décidé de rentrer quand même en Seine et Marne. Le week-end à Châteauneuf était raté mais Ma Puce tenait à être chez elle près des siens et puis, elle voulait consulter sa gynécologue.
Nous avons donc pris la route le dimanche soir, je préférais rouler de nuit, ainsi j’espérais qu’elle se reposerait mieux et que le trajet serait moins fatigant.
Elle avait promis à l’interne d’aller dès lundi en consultation.
Le voyage a finalement été une grosse erreur, car il a été très éprouvant pour Ma Puce. D’ailleurs, à peine arrivés, nous sommes allés directement à l’hôpital car elle se tordait de douleurs dans la voiture.
Ils l’ont tout de suite pris en charge. Heureusement, sa gynéco était là car elle avait des opérations de programmées : elle a ajouté une césarienne d’urgence à son planning… Il fallait absolument faire sortir les bébés…
Sur le moment, je ne suis pas sûr que Ma Puce se soit rendue-compte de ce qu’il se passait.
L’intervention s’est passée aussi bien que possible, en tout cas pour elle. Et pour nous, sa famille, c’était le principal.
Episode 31 : J'ai tué nos enfants
Ils auraient dû s'appeler Pauline et Nicolas.
A cause du coup de folie d'un soir de leur père, ils n'auront pas vécu... Je reste persuadé que je suis responsable de leur décès car j'ai sûrement provoqué des dégâts quand j'ai "violé" leur Maman. Je sais le mot est fort et Ma Puce va se fâcher mais je dois être honnête pour eux, pour elle, pour nous.
Après la césarienne, j'ai eu une grande conversation avec sa gynéco en étant franc sur ce qui c'est réellement passé. Elle a essayé de m'enlever toute idée de culpabilité de la tête. Elle m'a redit que c'était une grossesse à risque surtout que Ma Puce attendait des jumeaux.
L'infirmière m'a proposé de les voir… J'ai hésité, je ne m'en sentais pas le courage mais je leur devais bien ça. Puisque je suis un homme pour faire ce que j'ai fait, que je me montre là aussi un homme.
Franchement, si c'était à refaire, je ne le referais pas. J'en suis sorti traumatiser. Aujourd’hui, encore, ça hante mes nuits.
Le petit était mort-né, mais la petite a vécu quelques instants, notre fille, si minuscule, si fragile. J'étais près d'elle quand elle s'est éteinte.
L'infirmière a fait des photos qu'elle m'a données, ainsi que le petit bracelet passé au poignet de Pauline.
Je me suis retrouvé dans le couloir, hagard, perdu, vidé. Heureusement, Ma Puce était encore sous l'effet de l'anesthésie. J'avais le temps de me reprendre avant de faire face à ses interrogations.
Ses parents et moi avions décidé de ne pas lui dire que j'avais vu les petits et surtout de tout faire pour pas qu'elle les voit.
Son père m'a accompagné pour faire les papiers pour les "obsèques", je ne sais même pas le terme exact de ce genre de chose...
Quand elle a été réveillée et qu'elle s'est rendue-compte du drame, ça a été épouvantable. Et là encore une fois, je n'ai pas été à la hauteur. Je n'ai pas assumé sa douleur qui était à la fois morale mais aussi physique, je me suis replié sur ma propre douleur et mon traumatisme...
De plus, elle a découvert à cause d'une indiscrétion d'une infirmière que nous lui avions menti et que j'avais vu les bébés. Heureusement, elle n'a pas su que la petite avait vécu...
Le seul capable de soulager sa peine a été son frère. Il a été parfait. Il trouvait les mots pour l'apaiser.
Elle n'a pas su non plus, bien sûr, pour les photos et le petit bracelet. J'avais tout rassemblé dans une enveloppe avec tous les papiers qu’on m’a donnés à l’hôpital et j’avais décidé de la déposer dans le coffre-fort de Jean-Paul à Châteauneuf.
Elle resta cinq jours à l’hôpital et à sa sortie, je l’ai conduite à Châteauneuf. Là, elle serait bien. La semaine, nous serions seuls. Cela allait nous permettre de nous retrouver. Enfin je le pensais.
Episode 32 : Est-ce la fin de notre amour ?
A sa sortie de l'hôpital, j'ai donc conduit Ma Puce à Châteauneuf chez son Papa. Nous avions la maison pour nous seul. Nous allions pouvoir nous retrouver, parler, faire notre deuil et surtout, elle allait pouvoir se reposer, récupérer autant physiquement que moralement.
Nous attendions bien sûr tout le clan pour le week-end mais en même temps, un peu d'animation ne pouvait pas lui faire de mal...
Je me suis vite rendu-compte que cela allait être bien plus difficile que je ne le pensais. Nous n'arrivions plus à communiquer. J'essayais de prendre sur moi mais je n'arrivais pas à oublier la vision de ces deux petits corps... De son côté, le médecin lui avait dit que là, vraiment, ce n'était pas raisonnable, voire dangereux pour elle d'envisager une nouvelle grossesse. Et cela la déprimait, la rendait malheureuse.
Elle désirait tant cet enfant, un enfant de moi. Je ne lui disais rien mais ça me rendait malade d'imaginer qu'avec la seule femme que j'ai vraiment aimée, que j'aime par-dessus tout, plus que ma vie, je n'aurai jamais de bébé. Mais elle était plus importante et je ne voulais pas risquer de la perdre.
Et nous avions Benji. Je sais, c'est facile pour moi de dire ça, c'est quand même mon fils...
La semaine suivante, je l'ai confiée à son frère et j'ai fait un rapide aller et retour à Carcassonne pour le travail. Quand je suis revenu près d'elle, j'ai trouvé une femme froide, distante, qui n'avait plus goût à rien. Son regard était éteint quand elle me regardait. Elle m'a demandé de partir et de ne plus revenir...
J'ai compris ce qu'elle avait pu ressentir vingt ans plus tôt... Je n'ai pas insisté. Si nous en étions là, c'était en grande partie de ma faute.
Mais là, j'ai quand même gardé le contact avec elle par mail, par téléphone. Pendant les mois qui ont suivi notre séparation, elle n'a pas vécu mais survécu. Elle s'est coupée du monde, de sa famille surtout.
Pendant ces deux dernières années, elle a vécu un autre drame pour lequel elle s'est sentie responsable car elle n'a rien fait pour l'empêcher, alors qu'elle savait qu'elle seule pouvait éviter ce geste : Antoine s'est suicidé en laissant deux petites filles... Son frère adoré a choisi pour des raisons qui leur sont personnelles de mettre fin à sa vie. Je sais que cette plaie ne se fermera jamais.
Elle-même a fait deux tentatives de suicide. Grâce à sa Maman, elle a pu être sauvée à chaque fois. Elle n'en pouvait plus de sa vie, de la méchanceté de certaine personne qui abuse de sa bonté, qui se joue d'elle. Elle doit se reconstruire, retrouver le goût de vivre, reprendre confiance en elle. Pour les gens qui ne la connaissent pas comme nous, sa famille, elle a toujours l'air d'aller bien : elle donne le change. Toujours faire face, c'est sa devise et c'est dû aussi à son éducation.
Episode 33 : Jusqu'à juillet 2006
Comme je le racontais précédemment, Ma Puce a vécu des moments très difficiles, terribles pendant ces deux dernières années. Je n'y reviendrais pas.
J'essayais de garder le contact avec elle, autant qu'elle l'acceptait... Je ne vous apprendrais rien si je vous dis que je l'aimais toujours et peut-être même plus, si cela est possible. Sans me vanter, je sais qu'au fond d'elle, elle n'avait pas cessé de m'aimer...
De mon côté, mon divorce a enfin été prononcé, bien sûr à mes torts... Tout ce qu’elle a pu me prendre, elle ne s'est pas gênée. Elle garde notre maison pour y vivre avec notre fille mais je continue à rembourser le crédit, je lui verse une allocation compensatoire (bah oui Madame ne travaille pas mais elle a un certain train de vie à assurer...) et bien sûr, mais ça c'est normal, la pension pour notre fille.
Malgré tout ça, elle me fait des problèmes à chaque droit de visite : je suis en avance de deux minutes, je suis en retard de deux minutes, ce week-end là, ça ne l'arrange pas, cette semaine de vacances là, non plus, enfin bref ! Le problème, c'est que la petite subit tout ça... Et, on appelle ça une mère...
Benji et moi avons pris un appartement tous les deux. Notre vie se réorganisait, sans Ma Puce...
Episode 34 : Fin juillet 2006
En cette fin juillet, j’ai envoyé une enveloppe à Ma Puce contenant quelque chose. Cette chose devait la faire réagir, enfin je l’espérais.
Deux jours après l’envoi, j’ai reçu un mail, j’aurai préféré un appel téléphonique, entendre sa voix, mais j’étais déjà content. Le contenu de l’enveloppe lui avait plu et elle me félicitait. Elle m’écrivait qu’elle avait été très touchée.
Après avoir lu son message, je me suis permis de lui téléphoner, je souhaitais entendre sa voix…
Elle eut l’air contente que je l’appelle, elle me renouvela ses félicitations et ses remerciements pour ce qu’elle venait de recevoir. Nous avons discuté pendant un long moment. Je lui ai proposé que nous nous voyions, j’avais quelques jours de libre dans mon emploi du temps toujours surbooké l’été. Je craignais qu’elle refuse, qu’elle trouve une excuse… Mais non, elle accepta avec joie.
Le lendemain, je m’envolais pour Paris. Nous nous sommes retrouvés comme si ces deux dernières années n’avaient pas existé… J’ai passé 48 heures avec elle, deux jours de rêves où notre couple reprit comme s’il n’y avait jamais eu ce drame dans notre vie. Elle m’aime, je l’aime. Je reconnais que nous sommes un couple atypique.
Je dus repartir et elle n’a pas pu m’accompagner car elle avait des démarches à effectuer en vue de son prochain déménagement. Mais j’avais décidé que plus rien ne viendrait se mettre en travers de notre couple, de notre bonheur, de notre avenir.
Episode 35 : Notre virée lyonnaise
Début septembre, Ma Puce dut se rendre à Lyon pour son travail pendant une semaine.
Elle ne connaissait pas du tout la région ; moi, au contraire, je connaissais assez bien. Nous avons donc décidé de joindre l’utile à l’agréable et d’en profiter pour faire un peu de tourisme.
Benji est venu nous rejoindre : il voulait passer du temps avec sa marraine et aussi découvrir la région.
Nous avons eu beaucoup de chance : le soleil était de la partie.
Pendant cette semaine passée en compagnie des deux personnes qui comptent le plus au monde pour moi, une idée était entrain de germer dans mon cerveau. Mais pour le moment, je la gardais pour moi…
La semaine passa très vite. Benji est redescendu vers le sud et moi, j’ai ramené Ma Puce en Ile de France.
Episode 36 : Ma grande idée
J’avais pris la décision d’offrir un mariage surprise à Ma Puce. Mais il me fallait contourner un peu la loi. Pour cela, il suffit de connaître les bonnes personnes. J’ai mis mon «futur» beau-père dans la confidence car j’avais besoin de l’acte de naissance de Ma Puce et d’un certificat médical. Je savais qu’il avait un très bon copain médecin.
Les seules autres personnes dans la confidence étaient Benji qui avait accepté d’être le témoin de sa marraine et Rémy qui serait mon témoin, mais qui était surtout adjoint au maire de la commune où aurait lieu la cérémonie. Il arrangeait les choses pour la publication des bans.
Je souhaitais un mariage intime car je sais que c’est ce que Ma Puce désirait aussi : juste devenir ma femme, porter mon nom. J’espère que sa famille ne m’en voudra pas… Son père avait l’air d’avoir compris ma démarche.
Le soir du mariage, une grande fête était organisée avec mes amis. Elle était prévue de longue date et n’avait rien à voir avec notre union. Il n’y avait aucune raison d’y changer quelque chose.
Tout se déroulait comme je le rêvais. Le plus difficile était de garder le secret.
Episode 37 : J-01 semaine
Nous étions à une semaine du mariage. J’ai passé la soirée en région parisienne avec Ma Puce. Elle ne se doutait de rien.
Je l’avais convaincue de venir passer le week-end prochain chez moi. Elle descendrait en avion.
Depuis notre semaine de septembre à Lyon, j’avais beaucoup de travail et Ma Puce préparait son déménagement, de ce fait, nous nous étions peu vus. Alors nous profitions à fond des rares moments qui nous étaient donnés, comme ce soir, par exemple.
Episode 38 : Notre mariage
Ma Puce arriva, comme prévu, à l’aéroport de Toulouse en début d’après-midi le vendredi. Nous avons passé le reste de l’après-midi à nous promener. Le soir, nous avons dîné à la maison avec Benji, mon fils aîné et sa fiancée. Ma fille aînée a décliné l’invitation. J’ignorais d’ailleurs si elle serait là demain…
Le lendemain matin, j’ai apporté le petit-déjeuner au lit à Ma Puce. J’avais décidé de lui avouer ce que lui réservait cette journée.
A l’éclat de ses yeux, à l’émotion sur son visage, j’ai su que je ne m’étais pas trompé.
Nous étions attendus à la mairie pour 16h00.
La cérémonie passa comme un éclair. Il y eu beaucoup d’émotions au moment de l’échange des consentements et ensuite des anneaux.
Nos alliances ont une jolie histoire: je les avais achetées quelques mois après que nous soyons devenus plus intimes Ma Puce et moi. Elles sont en or blanc. J’ai su, que comme moi, Ma Puce l’avait rarement quittée pendant toutes ces années. Et depuis que nous nous étions retrouvés, elles n’avaient plus quitté nos annulaires.
Le matin du mariage, j’avais proposé à Ma Puce d’aller en acheter de nouvelles chez le bijoutier. Je ne m’en étais pas occupé plus tôt car je voulais son avis et elle répondit ce que je pensais la connaissant. Elle n’a pas voulu. Pour elle, son alliance était celle qu’elle portait depuis toutes ces années, qu’elle y tenait énormément et qu’elle n’en voulait pas une autre.
Mais revenons à la mairie. J’ai ressenti une énorme fierté quand elle a signé le registre d’état civil. Enfin, nous y étions arrivés, nous étions mariés, elle portait mon nom.
Nous sommes rentrés à l’appartement pour arroser l’événement. Mon fils aîné et sa fiancée étaient aussi de la partie. Seule ma fille aînée manquait à l’appel…
Ensuite, nous avons rejoint tous nos amis pour la soirée. Nous leur avons annoncé la nouvelle, c’était normal de partager notre bonheur avec eux car la plupart était déjà présent quand notre histoire a commencé, il y a presque trente ans. Tout le monde était content pour nous.
Benji était allé chercher son grand-père : je souhaitais partager ce moment de bonheur avec mon Papa qui lui était depuis toujours de mon côté et adorait sa nouvelle belle-fille. Mon frère et ma belle-sœur étaient aussi présents à la soirée.
Seules manquaient mes filles… Une qu’on ne me laissait pas voir et l’autre qui avait refusé de venir. Décidément, je n’ai pas de chance avec mes filles, et je n’oublie notre petite Pauline inscrite sur notre livret de famille.
La soirée se déroula très agréablement, même si Ma Puce et moi étions sur notre petit nuage. Nous avions l’impression de rêver. Nous avions si souvent imaginé cet instant, ce grand jour. Elle avait appelé ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle mais ils étaient déjà au courant puisqu’ils m’avaient aidé à tout organiser.
En fin de soirée, nous nous sommes éclipsés. Nous étions attendus par une limousine pour nous conduire à l’hôtel où j’avais réservé pour notre nuit de noces. J’avais voulu que tout soit parfait pour Ma Femme, que le 14 octobre 2006 reste à jamais gravé dans sa mémoire.
Episode 39 : Le rêve devenu réalité
Je me souviendrais toute ma vie du visage de Ma Puce au matin de notre nuit de noces dans cette suite nuptiale. Je ne l’avais jamais vu aussi radieuse.
Au moment de mettre un point final à mon récit, cela fait un an et demi que nous sommes mariés. Nous avons fait une grande fête avec nos familles et nos amis à Châteauneuf pour fêter nos noces de coton, avec bénédiction à l’église pour vraiment sceller notre union.
Ma Puce a fait les démarches nécessaires pour être la mère de Benji. A 25 ans, il prononce enfin le mot «Maman».
Elle lui a fait aussi un autre cadeau très émouvant : à Châteauneuf, elle lui a donné la chambre d’Antoine.
Cet absent si présent pourtant et qui repose de l’autre côté du mur d’enceinte de la propriété et à qui Ma Puce est allée offrir son «bouquet de mariée» le jour de la grande fête pour notre premier anniversaire de mariage. La première fête organisée depuis tous les malheurs qui ont touché la famille ces dernières années.
D’ailleurs, à propos de cette maison de famille à laquelle nous sommes tous très attachés, à l’occasion des 40 ans de Ma Puce, son papa nous en a fait don. Bien sûr, il continue de l’habiter, il est toujours chez lui !
Tout pourrait être merveilleux dans le meilleur de monde, nous avons tout pour être heureux. Mais malheureusement, mon ex-femme me fait toujours des problèmes pour la garde de notre fille, pour la maison, etc…. Et elle est soutenue par ma mère et ma fille aînée… Ce qui nous pourri la vie évidemment.
Mais grâce à l’amour de Ma Femme, j’ai la force de me battre et je dois le faire pour elle, comme elle se bat pour avoir ce bébé que nous désirons tant.